Morgane Durieux
Ostéopathe à Jouars-Pontchartrain

Prise en charge ostéopathique de la scoliose idiopathique de l'adolescent

   La scoliose correspond à une déformation tridimensionnelle de l’axe rachidien  composée d’une ou plusieurs parties (scoliose simple, double etc.), dessinant un arc de cercle et incluant, au moins, cinq vertèbres. Elle est définie comme non réductible, permanente et sa composante principale est  d’origine rotatoire. A ce jour, 80% de ces scolioses sont dîtes idiopathiques car il n’existe aucune étiologie reconnue, ni aucun  antécédents  pathologiques. La scoliose représente une question majeure de santé publique compte tenu de sa fréquence et de son développement au cours des années. En effet,  de nos jours, elle toucherait 2  à  4%  de  la  population  française  et  se  retrouverait,  majoritairement  chez  la  jeune  femme. Selon  la Haute Autorité de Santé (HAS), bien qu’elle  n’engage pas  le pronostic  vital,  il est nécessaire de dépister afin de prendre en charge, de  façon précoce, toute scoliose évolutive chez  l’enfant  ou  l’adolescent,  qui  serait  susceptible  d’entrainer  un  handicap,  des  troubles fonctionnels sévères, une dégradation de la qualité de vie (plus spécifique de l’adolescent) etc .

Il  n’existe  pas  de  traitement  curatif  en  soi  mais  une  prise  en  charge pluridisciplinaire, composée de kinésithérapie, de corset et de chirurgie orthopédique, a été mise en place, afin d’enrayer l’évolution de cette déformation et de diminuer  les douleurs compensatoires.

Cette étude pilote a donc eu comme objectif  d’étudier les effets d’une prise en charge ostéopathique d’un an sur la qualité de vie, la flexibilité dorsale et l’évolution de la douleur, d’adolescentes ayant une scoliose idiopathique afin de montrer l’intérêt de la présence d’un ostéopathe dans le circuit de soin. Sept patientes, ayant entre 13 et 18 ans, ont été recrutées pour ce protocole et ont participé à des séances d’ostéopathie à raison d’une toutes les 2 à 3 semaines. Nous avons utilisé 3 critères de mesure pour évaluer notre action : un questionnaire de qualité de vie «Quality of Life  Profile  for  Spine  Deformities »  (QLPSD),   un  mètre  pour  mesurer  la  flexibilité  dorsale  et  l’échelle analogique de la douleur pour observer son évolution.

Au moyen d’une étude statistique, nous avons pu constater que, suite à notre protocole, les résultats au niveau de l’évolution de la qualité de vie et de la flexibilité dorsale n’étaient pas statistiquement significatifs bien que des effets bénéfiques et des résultats cliniquement intéressant étaient observés.   Néanmoins, notre étude a pu mettre en avant que notre prise en charge manuelle avait eu un effet statistiquement significatif sur notre 3ème critère : l’évolution de la douleur. De plus, nous avons pu constater que notre action avait eu un effet sur l’évolution de l’angle de Cobb : 2 de nos 7 patientes ont vu leurs scolioses diminuées (8° et 11° respectivement) tandis que les autres ont observé des modifications sur la bascule de leur bassin, les hypertonies présentes avant la prise en charge etc.

En conclusion, malgré des résultats cliniques encourageants,  nous ne pouvons pas extrapoler à une population plus importante ni conclure que ce que nous avons réalisé ici puisse être applicable à tous les sujets atteints de scoliose idiopathiques.  A ce jour, ces données ne peuvent donc pas devenir des recommandations. Néanmoins, la  question  de  la  place  de  l’ostéopathie   au  sein  d’une  prise  en  charge  pluridisciplinaire  se  pose  au  vu  des résultats  obtenus  sur  l’évolution  de  la  douleur et des hypothèses concernant l’évolution de l’angle de Cobb.  Ainsi,  il  serait  intéressant  d’adapter  et  de  standardiser  nos pratiques afin de reproduire ce qui a été mis en avant ici, et, de la même manière, sensibiliser nos confrères à la prévention de la scoliose idiopathique.